Bâtir son prévisionnel, on vous explique tout !

Créer son entreprise, c’est un peu comme faire un match de boxe : vous êtes sur le ring avec vos concurrents, sans savoir qui donnera le premier coup et qui tombera en premier. 

Vous n’avez que vos gants, votre casque et votre protège dents.

Et bien le prévisionnel, croyez-le ou non, mais c’est un peu vos gants, votre casque et votre protège dents. Parce que mieux vaut prévenir que guérir comme on dit !

OVET prévisionnel

Vous vous dites sans doute “Très bien, mais comment je fais moi ? Je ne suis pas équipé et je n’ai jamais pris de cours de boxe”.

Alors tout d’abord, ne prenez pas la comparaison au pied de la lettre (nul besoin de vous bagarrer avec la concurrence), et ensuite, on vous regroupe justement toutes les informations nécessaires pour créer un bon prévisionnel dans cet article ! Alors bonne lecture.

1. L’utilité du prévisionnel

Sachez tout d’abord que le prévisionnel n’est pas obligatoire, cependant, c’est un atout majeur lorsque vous décidez de débuter votre activité. Pourquoi ?

Parce que si vous le réalisez correctement, vous saurez instantanément si votre projet est rentable ou non en déterminant les différents besoins de financements (on vous rassure, le cas où l’entrepreneur décide de ne pas se lancer est assez rare).

En plus de cet aspect relativement déterminant, le prévisionnel permet de prendre du recul sur votre projet en posant sur papier toutes vos idées. Un projet clair et rentable vous permettra d’obtenir des financements de la part des banques, de mettre en confiance vos futurs partenaires et de négocier auprès de vos fournisseurs des délais et tarifs particuliers.

Bien évidemment, il est aussi un élément essentiel au pilotage de votre activité. Il vous guide lors de votre démarrage et de votre expansion en vous fixant comme objectif de vous en rapprocher, voire de le dépasser.

Vous l’aurez compris, le prévisionnel d’adresse donc :

  • à vous, avant toute chose
  • aux banquiers
  • aux clients
  • aux fournisseurs

Vous venez d’enfiler votre premier gant.

2. Le contenu du prévisionnel

Le prévisionnel, c’est un peu votre comptabilité du futur. Alors oui, ça peut paraître difficile d’imaginer vos résultats, et c’est pour ça que ce n’est pas une histoire que vous allez sortir de votre chapeau. Un bon prévisionnel nécessite une bonne étude du marché, la compréhension de vos potentielles problématiques et l’anticipation de vos besoins ainsi que des réponses que vous pourrez y apporter.

Vous retrouverez donc :

  • Le compte de résultat prévisionnel : soit l’ensemble des produits et des charges. Il est un élément clé de votre prévisionnel.
  • Le bilan prévisionnel : ce que possède l’entreprise et ce qu’elle doit (actifs et passifs).
  • Le budget de trésorerie prévisionnel : c’est l’analyse de l’activité purement bancaire de l’entreprise, mois par mois (encaissements et décaissements). Il permet de vérifier si votre projet est viable en tenant compte de différentes variables telles que le délai de règlement des clients ou des fournisseurs.
  • Les annexes du prévisionnel financier : récapitules les investissements et financements prévisionnels, les charges sociales salariales et le détail des salaires, les charges externes prévisionnelles, impôts et taxes, votre tableau TVA sur 3 ans ainsi que votre tableau de trésorerie détaillé sur 3 ans également.
  • La conclusion du prévisionnel financier : concluez votre prévisionnel en synthétisant, vous pouvez y mettre toutes les données clés que vous souhaitez (comme votre seuil de rentabilité économique et financière par exemple).

Voici donc les 5 éléments que votre prévisionnel doit contenir. Maintenant, comment faire pour l’établir.

Vous venez d’enfiler votre deuxième gant.

3. Établir son prévisionnel 

En premier lieu, vous allez devoir identifier et estimer les flux prévisionnels avant de remplir vos tableaux.

C’est donc toute une première étape d’évaluation des entrées et sorties à tous les niveaux (économiques, fiscaux, financiers, sociaux, etc.). Il faut être particulièrement vigilant et prendre un maximum de recul pour déterminer toutes les variables possibles.

Calculez votre CA prévisionnel

Pour calculer votre chiffre d’affaires prévisionnel, vous avez 3 méthodes. Vous pouvez vous baser sur : 

  • Le prix du marché : recueillez un maximum d’informations, sur vos concurrents, sur les statistiques sectorielles comptables, et rapprochez ces éléments des caractéristiques de votre entreprise.
  • Les objectifs et parts de marché : estimez la valeur du marché et la part que vous pouvez en tirer. Cela implique de connaître la zone précise d’implantation des clients potentiels et d’identifier les concurrents présents dans cette zone. Les flux qui composent le marché peuvent être mis à disposition par la CCI et l’INSEE.
  • Les intentions d’achats : faites un bon vieux questionnaire aux questions précises afin de récolter un maximum d’informations sur les habitudes d’achats de vos potentiels clients (quantité, fréquence, prix, montant du panier moyen). Vous pourrez alors estimer votre chiffre d’affaires.

Estimez vos frais généraux prévisionnels

Pour estimer vos frais généraux, vous avez du pain sur la planche, il va falloir estimer :

  • Vos frais généraux d’achats (matières, fournitures, marchandises)
  • Votre consommation d’énergie
  • Le coût du matériel de faible valeur et des fournitures administratives
  • Vos frais généraux de sous-traitance et de recours à l’intérim
  • Vos dépenses de loyer et charges locatives
  • Vos frais généraux d’entretien et de réparation
  • Vos dépenses d’assurance
  • Vos honoraires comptables et juridiques
  • Vos commissions sur les achats et ventes
  • Vos frais généraux de formation et de documentation
  • Vos frais généraux de communication et de publicité
  • Vos frais généraux de télécommunication et postaux
  • Vos frais de déplacement
  • Vos frais bancaires 

Calculez vos impôts et taxes

Seul l’impôt sur les sociétés doit figurer dans votre prévisionnel, vous pouvez donc vous épargner le calcul de l’impôt sur le revenu. L’impôt sur les sociétés, c’est l’impôt dont l’entreprise s’acquitte en fonction de ses bénéfices réalisés ( il est fixé à 15% jusqu’à 38 120€ de bénéfices, et monte à 25% au-delà).

Estimez ensuite votre impact TVA, mais attention, elle est variable et peut donc avoir un impact considérable en matière de trésorerie !

Estimez vos frais financiers prévisionnels

Maintenant que vous avez estimé vos taxes et impôts, vous allez devoir estimer vos charges financières prévisionnelles.

Ces dernières peuvent être liées aux emprunts, dans ce cas votre banque peut vous fournir un tableau d’amortissement prévisionnel (amortissement du capital, des intérêts et de l’assurance emprunteur).

Elles peuvent aussi être liées aux découverts, des intérêts (AGIOS), peuvent être mis en place après avoir établi le budget de trésorerie lorsque celui-ci montre une trésorerie négative.

Evaluez les frais de personnel prévisionnels

Pour évaluer vos frais de personnel, déterminez la masse salariale brute prévisionnelle. Cette évaluation comprend évidemment les rémunérations versées aux salariés, avec les charges versées aux organismes sociaux, mais elle comprend également les rémunérations versées au personnel non salarié (soit les dirigeants) avec les charges correspondantes.

Calculez la dotations aux amortissements prévisionnels

Ce calcul se fait en 4 étapes :

  • Tout d’abord, recensez vos principaux investissements (aussi appelés immobilisations). Ils peuvent être incorporels (qui ne sont donc pas physiques). Cela peut être votre marque, vos brevets, vos licences, vos logiciels, vos sites internet, etc. Ils peuvent donc aussi être corporels. Ce sont vos terrains, vos constructions, votre agencement et vos installations générales, votre outillage et matériel, vos véhicules, votre mobilier et votre équipement informatique. Et enfin, ils peuvent être financiers. Ce sont donc vos titres de participation et vos éventuelles créances, vos titres immobilisés, vos prêts accordés, vos dépôts de garantie et cautionnements.
  • Distinguez ensuite vos immobilisations amortissables et non amortissables. Les immobilisations non amortissables sont les titres de participation, les œuvres d’art et les terrains. Ainsi, toutes vos autres immobilisations sont amortissables.
  • Identifiez les durées d’utilisation prévues des immobilisations amortissables.
  • Et enfin, calculez votre dotation aux amortissements prévisionnels. Elle se calcule comme ceci : valeur d’origine*(1/durée d’utilisation prévue en années).

Remplir les tableaux financiers

Une fois que vous avez tout estimé et calculé, il ne vous reste plus que la mise en forme et à rentrer ces données dans les tableaux correspondants. Pour cela, il y a tout de même une marche à suivre :

  • Commencez par établir le compte de résultat prévisionnel, car va émerger de celui-ci le résultat net comptable.
  • Remplissez ensuite les soldes intermédiaires de gestion.
  • Définissez votre plan de financement prévisionnel pour pouvoir déterminer les soldes de trésorerie à la fin de chaque période.
  • Remplissez le bilan prévisionnel.
  • Enfin, vous pouvez conclure et alimenter vos annexes.

Voilà, maintenant que vous connaissez la marche à suivre, votre coach a quelques conseils à vous donner !

Vous venez de mettre votre casque.

4. Les conseils de votre coach 

1. Scrutez vos adversaires, comprenez la situation et établissez votre stratégie. Variez les points de vue, veillez à garder une vision d’ensemble tout en allant dans les détails lorsque c’est nécessaire. Plus vous détaillerez en connaissant votre direction globale, mieux vous serez ancrés !

2. Soyez réalistes. N’imaginez pas pouvoir mettre K.O. vos adversaires dès le premier son de cloche. L’optimisme c’est bien, mais mieux vaut se connaître et connaître ses adversaires pour être sûr de l’emporter. Comme a dit Sun Tzu « Qui connaît son ennemi comme il se connaît, en cent combats ne sera point défait. ». Faites une étude de marché afin de garder un point de vue objectif sur vos objectifs.

3. Assurez votre défense. Soyez rapides dans vos enchaînements, diminuez les délais de paiement clients. Gardez vos distances, allongez au maximum les délais de paiement fournisseurs. Montez votre garde, diminuez le délai de rotation des stocks. Vous serez sûrs de l’emporter.

4. Soyez aux aguets. Prévoyez tous les scénarios possibles et ne faites pas qu’un prévisionnel. Faites une version pessimiste, sur une activité réduite de 20 à 25% par rapport au prévisionnel normal, pour savoir comment répliquer en cas de coup dur.

5. Respectez les règles. Le prévisionnel est à destination de différents acteurs qui étudieront différents ratios. Il existe des normes à respecter, notamment en termes de financement : faites un apport personnel significatif, faites en sorte que votre capacité d’autofinancement sur 3 ans puisse couvrir les prêts sollicités, vérifiez que l’annuité de remboursement ne dépasse pas la moitié de la capacité d’autofinancement, faites en sorte que les fonds propres atteignent au moins le niveau de l’endettement net.

6. Choisissez un bon coach. Que vous fassiez appel à un logiciel ou à un expert-comptable, n’hésitez pas à vous faire aider pour réaliser votre prévisionnel. Une bonne stratégie commence déjà par bien s’entourer !

N’oubliez pas votre protège dents ! Gardez votre belle dentition pour sourire à vos clients.

Voilà, vous êtes parés pour réaliser votre prévisionnel et lancer votre activité en toute sérénité !

On espère que cet article vous aura plu. Vous pouvez lire ou relire notre précédent article qui vous détaillera ce que sont un compte de résultat et un bilan pour que vous puissiez mieux comprendre comment les réaliser : Compte de resultat, bilan, SIG, on vous explique tout

Il ne nous reste plus qu’à vous dire que…

Vous êtes fin prêts pour entrer sur le ring, bonne chance à vous !

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